Ce tragique événement n'est malheureusement pas le premier. Il est une énième catastrophe subie par la Cinémathèque brésilienne depuis plusieurs années, après une série de quatre incendies précédents et une inondation. Mais la plus grande difficulté que doit affronter ses équipes est sans doute celle des conditions imposées par l'actuel gouvernement brésilien.
Le ministère public de São Paulo avait déjà lancé une action contre le gouvernement fédéral pour « abandon » de l'institution en juillet 2020, dénonçant l'absence de moyens et de gestion suite à un problème juridique. La cinémathèque dû cesser ses activités le mois suivant, poussant 41 fonctionnaires à la démission. Dans le Manifeste des travailleurs de la Cinémathèque brésilienne, publié en avril 2020, il était déjà mentionné un « risque d’incendie ».
Depuis plusieurs mois, les cinéastes Walter Salles, Carlos Diegues et aussi de nombreux professionnels nous alertaient sur la gravité de la situation. Kléber Mendonça Filho (Aquarius, Bacurau), membre du jury du Festival de Cannes 2021, dénonçait lui aussi la politique menée par le président Jair Bolsonaro :
« Ce que nous avons aujourd'hui au Brésil, c'est un sabotage du système du soutien à la culture. Ce soutien à la culture fait partie de la Constitution brésilienne. Cela a commencé après le coup d'État contre Dilma Rousseff et avec l'entrée de ce président tout est devenu encore plus agressif. À propos de la fermeture de la Cinémathèque, je ne sais même pas comment le dire. C'est comme si le Brésil n'avait plus accès à son album de famille aujourd'hui. La Cinémathèque n'est pas qu'un entrepôt, c'est un lieu vivant de la mémoire du pays. »
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