Amour dans une vallée enchantée
Amour dans une vallée enchantée, Wang Anyi, traduit du chinois par Yvonne André -Picquier poche
Le titre prêterait à sourire. Ne serait-ce pas un de ces romans empreints de mièvrerie si chère à nos adeptes d’exotisme ?
Lorsque on ouvre le livre, cependant, on se laisse gagner par l’intériorité de ce qui est du personnage, le récit est à la troisième personne et une voix off voit les choses venir…
On ignore le nom de l’héroïne, mais on la voit jolie, maussade et colérique. C’est qu’elle se morfond dans son couple. Rien ne peut rompre la monotonie de la succession des jours avec l’homme qui partage sa vie.
Son travail dans une maison d’édition de Shanghai lui plaît. Un jour, on lui confit le suivi d’un colloque littéraire à Lushan. Comment expliquer son trouble lorsque le train quitte la gare ?
Peu de temps après son arrivée, elle croise le regard avec un écrivain renommé. Les choses s’amorcent dans une attirance partagée au milieu d’un site exceptionnel où la montagne s’enveloppe de nuages évanescents et parcourues de cascades aux eaux limpides.
Une valse, un baiser, une caresse, une éteinte, lui et elle n’iront pas plus loin, mai, ces gestes ténus suffiront à sublimer un adultère si peu vécu mais tant rêvé.
«A présent, main dans la main, ils n'ont besoin de rien d'autre que cette main qu'ils tiennent pour éprouver l'union parfaite de leur corps et de leur esprit. En cet instant, personne ne peut deviner l'amour qui les lie étroitement l'un à l'autre»,
La plongée de la rencontre magnifiée par un paysage sublime fait entendre, sous la tension très palpable qui traverse tout le roman, une petite musique jusqu’au crescendo final. Et le style ciselé de Wang Anyi participe à la beauté de cette traversée platonique d’un l’amour inachevé. D'une grande subtilité, une manière délicate d'écrire. C'est très beau.
Niurka Règle