Quel projet pour l'école ?
Jean-Honoré Fragonard : Liseuse
Invités - le 12 Avril 2011
L'invité de la semaine
réalisateur du film Nous, princesses de Clèves (actuellement en salles).
On m’a offert la semaine dernière la photocopie de la page de garde d’un exemplaire de la Princesse de Clèves datant de 1972 et qui porte la mention suivante : «Au moment où le maire vous remet votre livret de famille, le ministère de l’Éducation nationale vous offre ces six volumes où quelques-uns de nos plus grands écrivains ont mis le meilleur d’eux-mêmes pour parler au meilleur de nous-mêmes. Le livre est une école, toujours ouverte, accueillante, il est un instrument de liberté, de culture.» Voilà ce que l’État offrait en 1972 aux jeunes mariés.
Quel chemin parcouru jusqu’aux déclarations du président Sarkozy sur ce même ouvrage ! Quel chemin parcouru aussi par ce ministère qui, aujourd’hui, me semble-t-il, se détourne de sa mission et de ses enseignants ! Pas un jour sans un mouvement de protestation, contre les suppressions de postes, les fermetures de classes, la disparition des Rased, etc. Des lycées bloqués, des écoles occupées, des enseignants et des parents unis dans une volonté commune de s’opposer à la dérive des politiques qui préfèrent débattre de la place du hachis parmentier à la cantine (merci madame NKM d’aborder des sujets aussi essentiels) et des tenues vestimentaires des parents qui accompagnent les sorties scolaires !
Mais où sont les élus de gauche ? Comment s’emparent-ils de ces mouvements dans la perspective d’un projet pour l’école ? Qui pour relayer cette descente aux enfers d’un système où élèves et enseignants souffrent, d’un système qui s’étiole sans que plus personne n’ose prononcer le mot de moyens ?
Comme si aujourd’hui il était indécent de parler de moyens. Mais sur le terrain déserté de nos établissements scolaires tous savent bien que c’est là le nerf de la guerre : des postes et des moyens, vite ! Et après les spécialistes des sciences de l’éducation pourront réformer comme ils savent si bien le faire.