Frühling, René de Ceccatty

Frühling, René de Ceccaty, édition Atéki

Le livre fait allusion au lieder de Shubbert, Frühling, Printemps. Une saison vécue au présent et annonciatrice d’un futur énigmatique.Cette temporalité est scandée par la facture du livre qui mêle le théâtre, une réflexion sur le théâtre, une réflexion sur le vécu, sur les interrogations existentielles, sur un futur hypothétique. Cette « fabrication » théâtrale  est l’aspect que je retiens comme significative du propos. Tout commence en 69  par l’audace folle du Jeune René de Ceccatty, il avait alors 17 ans, accompagné par ses jeunes amies actrices aussi audacieuses que lui, Nathalie Castagné et Colette Smirou. Jouée en off en Avignon la pièce intrigua par sa forme et par son contenu, une folie théâtrale, une folie de jeunesse, un tremplin pour l’avenir. Ce qui m’a vraiment séduit c’est la composition du livre : un Frühling en deux temps et deux tempos différents nourris de compositions fragmentées, de remarques personnelles, de critiques de presse de l’époque. L’homosexualité est le fil conducteur du livre, ainsi que l’amitié vivante et prolongée au cours de la vie avec ses partenaires de l’époque. Elles s’expriment avec des tonalités différentes au cours de leur propres réflexions très personnelles. Un hommage est rendu de manière délicate sur les rapports familiaux très aidants, sans lesquels tout aurait été plus difficile. L’ensemble est écrit de manière poétique, joyeuse ou mélancolique avec des soubresauts de rage et de doute. Difficile de rendre compte de textes aussi atypiques, entre dialogues et confessions qui disent tant  sur le désir d’amour, le désir d’être aimé et des naufrages vécus comme une tempête insurmontable. Mais le printemps fait son oeuvre et prépare l’avenir. Les dialogues sont le reflet des joies, des tourments, des colères, des espoirs d’une pensée qui se dit en tant que telle dans une troublante affirmation. La meilleure façon d’aborder ces textes, d’une certaine façon primesautière, est de les lire.