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18 novembre 2019

LES GAZ, LA PEUR ET LA NASSE

 


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Fabien Douzenel

LES GAZ, LA PEUR ET LA NASSE : TECHNOLOGIES DE REDUCTION DES POSSIBILITÉS DE MANIFESTATION PUBLIQUE

J'étais hier à la manifestation pour l'anniversaire du mouvement des Gilets Jaunes, enfin j'étais, façon de parler, car la stratégie du Ministre de l'intérieur, policière et préfectorale, a consisté à transformer cette journée en "non événement", plus précisément en "contre événement" destiné à signer ce qu'ils pensent être la dernière touche de l'écrasement de ce mouvement. Je m'explique : comme cela a été dit plusieurs fois, tout a été fait pour qu'il n'existe pas en 2019 de grande manifestation pacifique et massive, témoignant de l'impact réel des revendications contre les injustices sociales et fiscales. Comme dans tous les pays démocratiques, une telle manifestation aurait signé la fin de ce gouvernement et peut-être de cette présidence. Après les ratés des premiers mois, il a donc été choisi de développer une stratégie d'écrasement et de terreur, avec la mise en avant de cette fabrication - les blacks blocks - véritable attrape-tout des violences, destiné à concentrer l'attention sur des excès et des dégradations. Ce qui s'était passé à l'Arc de Triomphe et sur les Champs Elysées, qui témoignait de l'impuissance de l'Etat à gérer ce nouveau type de manifestation, leur a servi d'exemple pour penser la riposte. Et celle-ci a produit effectivement des ajustements : scinder les cortèges, autoriser puis couper, réagir d'une manière violente à chaque fois qu'une occasion se présentait (gaz, LBD) ; instiller la peur ; disperser les manifestants et développer une atmosphère dissuasive pour que les proches de ce mouvement choisissent de rester chez eux devant la TV en regardant BFM-TV. Cela depuis le début de l'année, avec des résultats mitigés. Le mouvement ne s'est pas arrêté pour autant, même si une partie des manifestants ne voulant pas se retrouver mêlée à des violences, est progressivement restée chez elle. Il reste populaire et reconnu comme légitime. Beaucoup le disent : certaines ont eu peur ; pour d'autres - après la destruction des ronds-points, espaces communs démocratiques - cela n'avait plus le même sens (liens, fraternité). En détruisant les supports de rassemblement les forces de police ont pu se concentrer sur une fraction des manifestants, celles que l'on allait mettre en avant, en les cernant (contrôle par la nasse), en laissant s'opérer des dégradations (par ceux qui étaient venus pour ça), juste ce qu'il fallait pour nourrir les journaux télévisés ; et en dispersant ceux qui avaient cru qu'il était encore possible de manifester à coups de gaz lacrymogènes. La stratégie est la même depuis quelques mois : développer la peur, discréditer, et continuer à dire (comme le Ministre de l'Intérieur n'a pas manqué de le faire) qu'il n'y a plus grand monde aujourd'hui pour soutenir les Gilets Jaunes !! 

Cette mise en scène est inquiétante pour nos libertés publiques. S'il y a des groupes ultras et violents, il doit être possible de les neutraliser pour qu'ils n'empêchent pas l'expression de cette liberté publique essentielle qu'est le droit de manifester ! Les forces de maintien de l'ordre sont censées surveiller, contrôler, toutes les tentatives extrêmes, terroristes et autres, mais pas celle-là ? Il est vrai que l'absence d'encadrement (et donc de service d'ordre) des manifestations de Gilets Jaunes facilite l'amalgame, l'infiltration (tant de casseurs que de provocateurs), d'où la difficulté de contrôle et de régulation des manifestations. Mais à un moment, si on continue à reconnaître le droit de manifester, c'est aussi de la responsabilité de l'Etat de faire tout pour que les manifestations se déroulent sans incidents en n'attaquant pas aveuglement les personnes qui se trouvent là.
La répétition des manifestations toutes les semaines sur une année porte des significations que l'on a essayé - avec les incidents - de dissoudre : la volonté profonde, enracinée au coeur d'une grande partie de la population, de ne pas voir les injustices sociales (et le mépris social qui l'accompagne) s'approfondir toujours plus. Pour une partie des citoyens (avec des conditions sociales variables) cela n'est plus supportable ; beaucoup sont sortis de l'invisibilité à cette occasion. La gestion de cette question par l'intimidation et les mises en scènes télévisuelles (voitures qui brûlent, dégradations..) ne sont plus acceptables et ne suffisent pas. La journée du 5 décembre devrait en apporter la preuve.

Michel Joubert,

Repris de Métamorphoses - le groupe)

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