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22 novembre 2012

Moody's

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NEWSRING.fr, Moody’s : un signe de défiance envers la France

21 novembre 2012 par Paul Jorion | Print NEWSRING.fr, Moody’s : un signe de défiance envers la France

Un entretien que j’ai accordé à Newsring. On le trouve sur leur site, ici.

Une dégradation n’est jamais une bonne nouvelle. On critique de plus en plus les agences de notation, mais il y a une demande de la part des marchés pour ce type de service, c’est-à-dire une évaluation de la capacité d’un emprunteur à payer les intérêts, à rembourser la somme empruntée et à le faire dans les délais qui ont été prévus. C’est l’industrie financière qui demande ce service aux agences de notation, car elle ne dispose pas du temps ou des ressources nécessaires pour faire les calculs qui permettent de savoir quelle est la fiabilité de la dette émise par les pays.

Ce n’est pas tant la dégradation qui est désagréable, car elle correspond à celle qui avait déjà été décidée par S&P, que la perspective négative pour la France. J’entends ceux qui disent que cela n’a pas d’importance car la dette de la France est très appréciée, très demandée, mais nous sommes dans un contexte de plus en plus dégradé, et cet abaissement peut aboutir à une certaine nervosité, à une volatilité du « spread » : de l’écart avec l’Allemagne en raison de l’exigence par le marché des capitaux d’une prime de risque supplémentaire pour la France.

Certes on va encore privilégier la France, car les autres pays sont moins bien lotis en dehors de l’Allemagne, la Hollande, la Finlande ou l’Autriche, mais c’est peu encourageant : les candidats prêteurs se tournent vers la France faute de mieux. C’est un peu comme avec les gouvernements européens : on vote de plus en plus systématiquement pour l’opposition parce qu’on n’est pas satisfait de la politique menée par les partis au pouvoir. Le fait que la dette de la France soit appréciée sur les marchés est dû à la dégradation de la dette dans d’autres pays comme l’Espagne ou l’Italie, pas à ses qualités propres.

Par ailleurs sur dix ans, le « spread » avec l’Allemagne – c’est-à-dire donc le différentiel qu’on peut assimiler à une prime de risque supplémentaire – est de 0,75% : 2,16%, contre 1,41%. Cela signifie que sur une durée comme dix ans, les marchés considèrent qu’il y a une différence de 0,75%, significative à ce niveau là, entre l’Allemagne et la France en termes de leurs perspectives.

On peut arguer que ces agences de notation n’ont pas fait de prédictions exactes dans de nombreux cas, mais la véritable question c’est plutôt  : la situation serait-elle meilleure si elles n’existaient pas ?

Ce n’est pas parce qu’elles font un travail qui n’est pas parfait – leur tâche est très difficile en raison du nombre d’évènements qui se combinent et qui doivent être pris en compte – qu’il faut se désintéresser des agences de notation.

La critique qu’on peut faire à leur sujet, c’est qu’elles font leurs évaluations dans un cadre extrêmement conservateur en termes de théorie économique. Elle sont alignées sur des positions proches de l’extrême-droite sur l’échiquier politique. Elles ont ainsi une vision négative de l’action des syndicats et sont promptes à considérer que les populations sont grincheuses et ne comprennent pas les réalités économiques, etc. Voilà un reproche qu’on peut éventuellement leur faire, mais elles diront que c’est la manière dont nos sociétés vivent effectivement et qu’elles doivent par conséquent en tenir compte.

En ce qui concerne le timing de cette décision, les agences de notation ont leur calendrier à elles et ne prêtent pas nécessairement attention aux évènements politiques au jour le jour – comme le plan pour la compétitivité annoncé par le gouvernement français.

Mais on peut noter cependant un signe de défiance envers la France dans cette décision : il y a là comme la suggestion qu’il ne faut pas nécessairement prendre à la lettre les déclarations du gouvernement Ayrault, qui n’a pas acquis jusqu’ici une réputation de grande constance ou de logique. Prenez le projet de banque publique d’investissement, dont la réalisation sera probablement sans rapport avec le projet initial. Si défiance il y a, elle vient donc de l’écart constaté entre les affirmations du gouvernement et ce qu’il met en place dans les faits.
 

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