La formation des enseignants ? D'utilité publique !
Réforme de la formation des maîtres : il est encore temps de préserver l’avenir
(publié aussi dans libération du 1° juillet et dans le café pédagogique)
Le
gouvernement a préparé des décrets qui lui donnent en partie les moyens
juridiques de mettre en œuvre sa réforme de la formation des maîtres.
Leur publication est imminente. Pourtant, sur le fond, cette réforme a
suscité une opposition quasi unanime des instances universitaires, des
organisations syndicales d’enseignants et d’étudiants, des associations
professionnelles, des sociétés savantes, des mouvements pédagogiques,
des parents d’élèves (FCPE), etc. Et quant à la méthode, les textes de
ces décrets ont été rédigés avant la fin des discussions engagées avec
les syndicats dans les « groupes de travail » et alors que la «
commission de concertation » coprésidée par MM Marois, recteur, et
Filâtre, président d’Université, avait à peine commencé ses travaux.
C’est au point que la Conférence des présidents d’université (CPU) et
M. Filâtre, coprésident de la commission, la Conférence des directeurs
d’IUFM (CDIUFM), la Conférence des directeurs d’UFR de sciences (CDUS),
la Conférence des directeurs d’UFR de lettres et sciences humaines
(CDUL) ont dû décider de suspendre leur participation à cette
commission, acte inédit dans les relations entre le gouvernement et
l’Université. Au même moment, tous les syndicats exigeaient que les
projets de décrets soient retirés de l’ordre du jour du Conseil
Supérieur de la Fonction Publique d’État (CSFPE) et le Conseil National
de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER) demandait leur
retrait.
L’actuel
projet de réforme aurait pour conséquences une dégradation de la
formation professionnelle des enseignants, une remise en cause du rôle
des IUFM, la mise en danger des recherches en didactique des
disciplines, une déstabilisation des équipes de formation et de
recherche… Ne pouvant plus bénéficier d’un salaire au cours de la
cinquième année d’étude, les étudiants les plus modestes auraient
davantage de difficultés pour accéder au métier d’enseignant. De plus,
si le gouvernement maintenait la suppression des 14 000 postes de
stagiaires annoncée par Xavier Darcos le jour même de son départ, les
lauréats des concours de 2010 se verraient imposer un dispositif de
formation qui ferait passer leur obligation de service à deux tiers de
leur horaire, au lieu de 40 % aujourd’hui, ne laissant plus assez de
temps pour une formation professionnelle sérieuse.
La
qualité de la formation des maîtres est une condition décisive de la
réussite des élèves à l’école, au collège et au lycée et, au bout du
compte, un élément déterminant du développement de la société aux plans
économique, scientifique, culturel et humain. C’est pourquoi nous nous
adressons au gouvernement de la façon la plus solennelle. Il ne peut
pas avoir raison contre tous, il doit entendre les griefs des parties
prenantes à l’égard de son projet. Il est encore temps de préserver
l’avenir : nous appelons le nouveau ministre à suspendre durablement la
publication des projets de décrets.
De
plus, il doit garantir, mieux que ne le fait la circulaire Hetzel du 5
juin, qu’aucun étudiant ne sera lésé en 2009-2010. Il doit maintenir le
bénéfice des conditions actuelles de la formation pour les lauréats de
2010. Il doit préserver les moyens donnés aux IUFM.
Nous lui demandons enfin de réunir les conditions d’authentiques négociations avec toutes les parties prenantes.
En
entendant ces demandes, le gouvernement ferait preuve de sagesse et
d’esprit de responsabilité. Il contribuerait à rendre possible une
rentrée universitaire et scolaire dans un climat apaisé.
1er juillet 2009
Les 63 premiers signataires
Lire les signataires : http://coordination-fde.org/