Le problème Spinoza,
Le problème Spinoza, Irvin Yalom, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sylvette Gleize,, Livre de poche
Ce récit renvoie, sans le dire; aux interrogations contemporaines. Par sa structure, son écriture, l’aisance dans laquelle Irvin Yalom arrive à dénouer les fils de deux destins dont les soubassements sont totalement opposés prend au piège philosophique le lecteur. Et, c’est un grand plaisir.
Tout le long du récit nous sommes face à Spinoza dans son cheminement très personnel situé au XVII ème siècle et portant sur l’idée de Dieu, ses interrogations sur les religions en général, les superstitions, les croyances. A ces sujets, il développe une pensée attentive et rationnelle et il consigne ses pensées au jour le jour, au risque de l’interdit. A l’opposé, nous suivons le parcours d’Albert Rozenberg, adepte du nazisme et jouant un rôle journalistique et de propagande dans la proximité immédiate d’Hitler. Les deux hommes sont solitaires mais ne jouent pas la même partition.
Très documenté, Irvin Yalom introduit la fiction en mettant en scène le personnage de Franco qui a trahi Spinoza auprès des rabbins mais qui le regrette au point de rencontrer Spinoza au risque d’être lui-même excommunié. Les entretiens entre Franco et Spinoza ont une vivacité qui rompt avec les haines exacerbées.
Quant à Rozenberg, fasciné par Goethe il essaie de comprendre la fascination du poète pour Spinoza. Le double pan du récit qui évolue dans le temps et dans l’espace est magnifiquement structuré et le style du récit reste alerte malgré la dureté des temps.
Superbe.