Le sympathisant
Le sympathisant, Viet Than Nguyen, traduit de l'Américain par Clément Baude - Belfond
A la fin de la guerre du Vietnam menée par les Etats-Unis, ceux qui se sont compromis cherchent à fuir la pays et rejoindre les Etats-Unis. A ceux-là s’ajoutent ceux qui souhaitent fuir mus par le rêve américain. C’est la scène inaugurale du livre décrite de manière magistrale mêlant émotion, brutalité, fuite éperdue. Il y a aussi de nombreux laissés pour compte pour lesquels la corruption n’a pu jouer. Parmi les fuyards, il y a le Général et Madame, accompagnés par l’intendant, né d’un père français et d’une mère vietnamienne, donc considéré comme un bâtard. Ayant fait ses études aux USA , revenu au Vietnam, le voilà de retour en Amérique. Là, son destin est soudé, il sera une « taupe ». Grâce à une écriture codée il pourra renseigner son ami resté au pays. Ainsi entre deux mondes, entre trois identités, entre deux idéaux il devra faire l’expérience douloureuse : être américain mais au service des communistes. D’un côté comme de l’autre les rêves s’estompent au prix de décisions qui le dépassent et creusent la fissure qui est en lui : vivre en éternel exilé plongé dans une solitude abyssale et rester fidèle à un idéal qu’il ne peut récuser.
Un roman éblouissant écrit de manière subtile (Merci à Clément Baude, le traducteur). Viet Than Nguyen nous offre un récit terriblement humain où l’Histoire se mêle à la politique. Une oeuvre ample et profonde qui force l’admiration.
Niurka Règle