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Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
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20 août 2013

Adieu le cirque !

 

516fsmhropl

Adieu le cirque ! Cheon Un-Yeong, traduit par Seon Yeong et Carine Devillon, éditions Serge Safran

Si « Adieu le cirque » est un premier roman, il laisse entendre une voix exceptionnelle.

Tout débute par un spectacle de cirque organisé par une agence matrimoniale. Dans la salle, des candidats coréens venus prendre femme en Chine. Yunho, accompagne son frère, prétendant au mariage arrangé :

« Je regardais la scène, les bras croisés, bien résolu à rester de glace, quelque dangereux que fût le numéro réalisé devant mes yeux. La virtuosité de cette troupe d’acrobates chinois, qui arrachait des exclamations au public par une contorsion ou un pliement grotesque du corps, ne m’inspirait que pitié. Le cirque implique une prise de risque. Le cirque, c’est l’affranchissement des limites physiques par un entraînement infernal. C’est donc de la pitié, et non de l’émotion, que l’on éprouve au cirque ».

Yi Inho est handicapé, ayant eu un accident dans un jeu acrobatique où il est resté quasi muet.  Son mariage a lieu en Chine avant de rejoindre la Corée. Haehwa, sa douce et délicate jeune épouse,  sait qu’elle devra être la voix de Inho et mère de ses enfants. C’est le sort de ces chinoises livrées à la merci de leur époux pour une vie de solitude, proche de l’esclavage et subissant la brutalité du maître de maison.

Pourtant, Yi Inho et Haehwa s’apprivoisent peu à peu et laisseraient croire à un bonheur paisible. Mais le trouble vient lorsque le frère aîné prend conscience de l’amour qu’il porte à la jeune femme, un trouble partagé. Il décide alors de partir.

Désemparé par le départ de son frère Yi Inho sombre dans la folie. La peur panique de voir son épouse partir à son tour le rend violent. Haehwa va partir.

Un récit aux ressorts psychologique magnifié par la merveilleuse langue de l’auteure et par la non moins merveilleuse traduction. Profondeur des sentiments, beauté des images et des métaphores, le récit plongé dans l’univers très identifié de la Corée atteint, cependant l’universalité dans l’approche de la solitude des êtres.

Les deux voix qui s’expriment, celle de Inho et celle de Hahewa, qui font entendre une musique, délicate, profonde, souffrante et qui s’arrête au port de Sokcho, lieu où leur destin aurait pu se croiser :

« Le soleil se lève. Sur la mer, il ne reste que du bleu foncé et un rayon argenté de soleil. On arrivera bientôt au port de Sokcho. J’aperçois la digue, au loin. Une fois à terre, j’irai me promener le long de cette digue. J’irai écouter les vagues, allongé sur le sol tiède. Je vais regarder la mer qui ne meurt jamais. Je vais attraper cette fleur de mer qui s’épanouit à chaque brisement de vague. Je vais rester allongé longtemps, en serrant cette fleur blanche dans mes bras. Cette fleur blanche qui s’épanouit sur la mer ».

Adieu le cirque, comme un adieu aux illusions perdues est un récit vibrant, et,  après avoir refermé le livre son chant, longtemps, résonne en nous.

Niurka Règle
 

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