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Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
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31 août 2011

BNF, une mise en danger programmée

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Il en va de la culture comme du reste, le saccage est programmé.
Mais la notion de "culture" est floue pour les citoyens alors qu'ils la vivent au quotidien sans la nommer car la culture dans ses formes multiples fait que c'est le lien entre les hommes et le ciment pour le vivre ensemble. C'est la raison pour laquelle il est très important que collectivement nous portions réflexion et propositions sur une question qui fonde l'humanité.
En prenant le risque de démanteler la Bibliothèque nationale (un des pans du saccage), le pouvoir porte atteinte à la la mémoire collective et à la Nation. C'est très grave.
Niurka Règle

BnF, l'ivresse du vide: un appel à la résistance

(Publié sur Médiapart)

La Section FSU de la Bibliothèque nationale de France alarme les lecteurs sur le projet de réforme de la direction, et dénonce la disparition progressive et silencieuse de «dizaines de milliers de livres» de la bibliothèque d'étude («Haut-de-jardin»).

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En 1996, deux ans avant l'ouverture du niveau de recherche (dit aussi «Rez-de-jardin») de la Bibliothèque François Mitterrand à Tolbiac, la bibliothèque d'étude («Haut-de-jardin») ouvrait ses portes. Pour la première fois à la Bibliothèque nationale, un espace ouvert à tous, et non seulement aux chercheurs, comme c'était traditionnellement le cas, proposait des collections en libre accès à la fois nombreuses, diversifiées et ambitieuses, couvrant toutes les disciplines, avec une offre variée en termes de langue et de couverture géographique.Le projet affirmait d'emblée son caractère encyclopédique, universaliste et humaniste, des valeurs que la direction semble, hélas, avoir oubliées aujourd’hui ! Très rapidement, les salles de lecture ont connu une fréquentation grandissante, avant qu'un léger fléchissement se fasse sentir ces dernières années, il est vrai. Mais c’est l’ensemble des bibliothèques qui est confronté à ce phénomène, à un moment où les sources d'informations et de documentation se multiplient, particulièrement avec la généralisation de l’accès à Internet.

Depuis quatre ans maintenant, la direction trouve prétexte de cette tendance pour tenter d'imposer une «réforme» de la bibliothèque d'étude qui, menée à terme, en détruirait toute la richesse et l’originalité, ce au mépris des résultats de l'enquête Plein Sens de 2008, qu'elle a elle-même commanditée, soulignant un taux de satisfaction particulièrement élevé parmi les usagers. Cette «réforme», loin de rencontrer l'adhésion escomptée, a suscité de multiples résistances de la part du personnel, à tous les échelons, y compris dans l'encadrement. Mais la direction, sourde à une opposition qui s’est manifestée dans l’ensemble des instances où le personnel est représenté comme dans les «groupes de travail» qu’elle a mis  sur pied, a décidé de camper sur ses positions.

Derrière un discours officiel volontiers «branché» mettant en avant le remodelage des espaces, censés favoriser le «nomadisme», offrir plus de «convivialité» et de «confort» (on supprime des rayonnages pour installer des fauteuils !), ou l’implantation de «nouveaux services» jamais clairement définis, se profile un projet réellement destructeur. Mais cela ne se sait pas, la direction prenant soin d'en édulcorer le contenu à travers des campagnes de communication (cf. Chroniques, le bulletin d'information des lecteurs) qui n’abordent jamais le point nodal du projet, à savoir une réduction drastique de l'offre documentaire : il faut qu’il y ait moins de livres, que ceux qui restent soient plus «frais» (au détriment d’ouvrages plus anciens mais qui peuvent avoir conservé toute leur pertinence documentaire), plus «français» (au détriment des ouvrages en langues étrangères, censés être «moins consultés»), moins «difficiles» (au détriment d’ouvrages risquant de manquer aux étudiants dès qu’ils atteindront le niveau Master 1) ! Bref, on nivelle, on sacrifie la diversité, la qualité, l’originalité… La bibliothèque d’étude finira-t-elle par ressembler au rayon livres des grandes surfaces ou encore à la boutique tendance du MK2 voisin ?

L’élimination est silencieuse. Non médiatisée, malheureusement. Des dizaines de milliers de livres disparaîtront bientôt de la Bibliothèque d’étude de la BnF. Beaucoup d’ouvrages sont déjà partis au «pilon», un mot qui dans le jargon des bibliothèques désigne tout simplement la poubelle. La réduction des collections a commencé, elle se poursuit, rampante, dans une discrétion qui confine au secret, ce qui n’a pas lieu d’être s’agissant d’affaires publiques, la Bibliothèque nationale, comme son nom l’indique, n’appartenant qu’à la nation, c'est-à-dire à toutes et à tous, chacun ayant un droit de regard légitime sur ce qui s’y passe !

Si on laisse faire, l’établissement ne proposera bientôt plus à ses lecteurs qu’une offre maigrichonne, au rabais, indigne de sa réputation, car cette élimination massive en cours dans les rayons, cet «écrêtage» pour reprendre un terme cher à la direction, s’accompagne d’une diminution sans précédent des budgets d’acquisitions pour l’ensemble de la bibliothèque. D’un côté, on retire des livres et des périodiques, parce qu’ils ne correspondraient plus au niveau intellectuel des usagers du Haut-de-jardin (!), de l’autre on accompagne cette «évolution» par une réduction des dépenses… Par exemple, concernant les revues, le budget a été très fortement amputé pour la campagne d’abonnements 2011-2012, une baisse qui vient s’ajouter aux coupes déjà subies toutes ces dernières années.

Les programmes de «désherbage» - un autre terme en usage dans les bibliothèques, mais qui prend ici une telle ampleur qu’il conviendrait plutôt de parler de «déforestation» -, et d’austérité, appliqués aux acquisitions comme aux personnels, se mettent en place, quand, en même temps, l’établissement consacre des sommes exorbitantes à des aménagements d’espace pour le moins contestables, faisant appel à une armada de cabinets d’architectes programmistes et de designers (cf. le « flop » du Labo fantôme dans le Hall Est et les 450 000 euros qu’il a coûté !).

Quelle bibliothèque «rénovée» souhaite donc une direction qui semble gagnée par l’attrait du néant ? Une coquille vide où l’on pourra méditer tout à loisir sur une «mort du livre» si souvent annoncée qu’on finit par se demander si elle n’est pas désirée ? Les faux prophètes de la révolution électronique préféreraient-ils anticiper sur une situation où les différents supports de l’information cohabitent et se complètent, et sans doute pour encore longtemps, plutôt que de risquer de passer pour des «ringards» dans leur petit monde d’initiés, fans des derniers gadgets à puces ?

Ou bien s’agirait-il plus prosaïquement d’une spéculation (dans tous les sens du terme !), permettant, au mépris des pratiques réelles, de justifier d’importantes réductions de budget réclamées par la très libérale RGPP (Révision générale des politiques publiques), de vraies coupes sombres qui finiront par mettre nos rayonnages à nu ? … Et nos lecteurs dans une situation de dénuement documentaire tout à fait inédite depuis l’ouverture du Haut-de-jardin, il y a bientôt quinze ans !

C’est le projet démocratique d’une grande bibliothèque encyclopédique «vivante» dont les deux niveaux de recherche devaient heureusement se compléter de manière dynamique, du haut vers le bas, de l’accès au savoir à sa radicalité, qui est remis en question, rien de moins.

La menace qui pèse sur la BnF est telle qu'il est temps que ses usagers, quels qu’ils soient, se transforment en citoyens soucieux d’un bien public dont ils risquent d’être bientôt privés, en se mobilisant afin de mettre un terme à ce saccage planifié. C'est pourquoi nous vous invitons à faire circuler cette tribune, à la commenter, à signer l’appel et à nous contacter sur le blog, en laissant vos coordonnées si vous le désirez, afin que nous puissions imaginer tous ensemble une riposte efficace, rapide et coordonnée.

Section FSU de la Bibliothèque nationale de France

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