Retaites : pression des financiers
22 juin 2010
« Nous attaquons les retraites », se vante Claude Guéant, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, dans une interview donnée le 20 juin au Financial Times, le journal de la finance internationale (http://www.ft.com/gueant). Et ce n’est pas fini : il annonce encore 70 000 suppressions d’emplois publics en 2011 et 2012, et de nouvelles coupes budgétaires et sociales. « Nous devons en faire plus, beaucoup plus », dit-il !
Sommaire
- Une réforme brutale et cynique
- Une réforme pour calmer les spéculateurs
- Une réforme injuste et irresponsable, qui en annonce d’autres
- De l’argent, il y en a pourtant ailleurs que dans la poche des retraités
- Désarmer les marchés financiers : on commence quand ?
Report de l’âge légal à 62 ans, report de l’âge qui annule la décote à
67 ans, nouvel allongement de la durée de cotisation, attaque contre
les fonctionnaires, et des « compensations » qui sont dérisoires, voire
une véritable provocation comme cette « reconnaissance » de la
pénibilité limitée aux malades atteints d’un taux d’invalidité de 20 % !
La réforme conduite par le Medef et Bercy est brutale, elle s’ajoute aux
effets dévastateurs des réformes précédentes. Toutes organisent la
baisse du niveau de vie relatif des retraités, minent la confiance dans
les régimes solidaires par répartition, et préparent le terrain pour le
développement de l’épargne-retraite en capitalisation. Elle est même une
des plus brutales d’Europe. Les reports d’âge se feront à un rythme
beaucoup plus rapide
qu’en Allemagne, qu’en Espagne… Aucun État, sauf la Grèce, n’a joué
simultanément sur tous ces leviers de dégradation.
Rien à voir avec la démographie, tout à voir avec leur volonté de nous faire payer leur crise. Le gouvernement, obsédé par son image auprès des marchés financiers, suit la politique déflationniste adoptée par la plupart des gouvernements en Europe. Il veut conserver la note AAA (« bon payeur » !) des agences de notation financière et rendre crédible l’objectif sans précédent de réduire le déficit de 8,5 % du PIB aujourd’hui à 3 % en 2013.
Le gouvernement prétend être juste : mais il s’attaque aux catégories
les plus précaires (ouvriers, femmes...), qui supporteront l’essentiel
de l’effort. La contribution demandée aux hauts revenus, au capital et
aux entreprises représente à peine 10 % du besoin de financement, et
moins que ce qui est demandé aux fonctionnaires ! 85 % du coût de la
réforme sont payés par les salariés.
Le gouvernement prétend être responsable : mais avec ses homologues
européens et le FMI, il adopte une politique économique et sociale
irresponsable qui va aggraver la crise, le chômage, la précarité… et
donc les déficits publics ! Il faudra bientôt taper encore plus fort,
toujours pour rassurer les rentiers. Tant pis pour les urgences sociales
et écologiques, de plus en plus angoissantes mais totalement laissées
pour compte.
Le déficit des retraites s’élève à 30 milliards en 2010 mais il y
a...
30 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales
par an qui n’ont servi à rien ;
70 milliards de niches fiscales par an ;
24 milliards de baisses d’impôts pour les contribuables aisés
depuis 2000 ;
83 milliards d’euros de dividendes nets perçus par les
actionnaires en 2008…
Presque deux ans après l’explosion de la crise financière, alors que
la spéculation ravage la zone euro et pousse à l’austérité généralisée,
aucune mesure sérieuse n’a été prise pour dégonfler le pouvoir de
nuisance de la finance. Ce week-end, l’Union européenne va demander au
G20 de Toronto d’... « explorer » la possibilité d’une taxe sur les
transactions financières ! Nicolas Sarkozy s’est déclaré prêt, avec
Angela Merkel à, « envisager sa mise en place, même si tel ou tel grand
acteur ne la voulait pas ». Ce double langage est insupportable, alors
que le président gouverne tous les jours pour les marchés. À nous
d’imposer, par la mobilisation de l’ensemble de la société, le respect
des droits sociaux et le désarmement de la finance.
Pour commencer, soumettons à cotisation pour les retraites tous les
revenus de la propriété et du capital versés par les entreprises aux
actionnaires, créanciers et autres propriétaires. L’économie ne sera pas
affaiblie mais au contraire renforcée afin de préparer l’avenir.