Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
Archives
Derniers commentaires
Newsletter
17 juin 2010

Le sport marchandisé, jusqu'où ?

16 juin 2010

source : Le Grand soir

Pour lire la suite : http://www.legrandsoir.info/La-footballisation-des-esprits-Que-reste-t-il-des-valeurs-fondamentales.html

La footballisation des esprits : Que reste-t-il des valeurs fondamentales ?

Chems Eddine CHITOUR

 

A un génie qui lui demande de formuler un vœu, le citoyen algérien lambda demande à ce que sa grand-mère morte soit ressuscitée. Dénégation du génie. Deuxième vœu : « Je veux que l’Equipe d’Algérie gagne la Coupe. » Après réflexion, le génie se résout  à ramener à la vie, la grand-mère...

 

Pendant un mois, la planète est sommée de vibrer au rythme du roi football. Comment le football opère ? Cet engouement planétaire fait partie de la stratégie du néolibéralisme qui crée des besoins chez l’individu qui devient de ce fait esclave du divin marché, pour reprendre l’expression du philosophe Dany Robert Dufour. Cependant, les dégâts du néolibéralisme ne sont pas les mêmes selon que l’on soit au Nord comme au Sud. Examinons pour commencer le phénomène de société dans les pays du Sud.

 

Le philosophe Fabien Ollier dresse un état des lieux sans concession de cette grand-messe planétaire orchestrée par « la toute-puissante multinationale privée de la Fifa ». « Il suffit, écrit-il, de se plonger dans l’histoire des Coupes du Monde pour en extraire la longue infamie politique et la stratégie d’aliénation planétaire.(...) L’expression du capital le plus prédateur est à l’oeuvre : les multinationales partenaires de la Fifa et diverses organisations mafieuses se sont déjà abattues sur l’Afrique du Sud pour en tirer les plus gros bénéfices possibles. Un certain nombre de journalistes, qui ont travaillé en profondeur sur le système Fifa, ont mis en évidence le mode de fonctionnement plutôt crapuleux de l’organisation. (...). Le déploiement sécuritaire censé maintenir l’ordre, assurer une soi-disant paix civile, n’est autre en réalité que la construction d’un véritable état de siège.(...) Tout cela relève d’une diversion politique évidente, d’un contrôle idéologique d’une population. En temps de crise économique, le seul sujet qui devrait nous concerner est la santé de nos petits footballeurs. C’est pitoyable. Il existe en réalité une propension du plus grand nombre à réclamer sa part d’opium sportif. (...).(...) Trop d’intellectuels ont succombé aux « passions vibratoires » et aux « extases » sportives ; ce sont eux qui légitiment à présent, l’horreur sportive généralisée : violences, dopage, magouilles, crétinisme des supporters, etc. (...) A mon sens, il n’est pas seulement le reflet, le football est également producteur de violences sociales, générateur de violences nouvelles. Il impose un modèle de darwinisme social. Cela tient à sa structure même : le football est organisé en logique de compétition et d’affrontement. Jouer ce spectacle par des acteurs surpayés devant des smicards et des chômeurs est aussi une forme de violence. (...)La symbolisation de la guerre n’existe pas dans les stades, la guerre est présente. Le football exacerbe les tensions nationalistes et suscite des émotions patriotiques d’un vulgaire et d’une absurdité éclatants. (...) » (1)

 

Hypnose collective

 

Nous l’avons vu avec un certain match Algérie-Egypte, qui a failli amener la rupture des relations diplomatiques ! La même analyse, sans concession, nous est donnée par Samuel Metairie : « Aujourd’hui, écrit-il, c’est le Grand Soir tant attendu par la majorité de la population de ce Globe. Vendredi 11 juin 2010, enfin s’ouvre en Afrique du Sud la plus grosse compétition de football de la planète, où les humains de toutes les nations, du peuple aux élites politiques et économiques, vont pendant un mois de matraquage médiatique aveuglant, pouvoir, à coeur joie s’adonner à la satisfaction universelle de leurs pulsions serviles, cyniques et mercantiles. (...) Et l’institution du football fait croire à ses admirateurs qu’elle leur donne des gages de bonheur en substitut des substrats de frustrations et de déceptions, confortant la petite société dans l’hypnose collective pour la rendre malléable, corvéable à merci. (...) Bref, ainsi, va-t-on, une fois de plus, pouvoir laver nos cerveaux d’hommes rationnels en oubliant enfin la crise économique, les profits actionnariaux, le chômage volontairement entretenu, la précarité, la faim du Tiers-Monde, l’exploitation des dominés, les expropriations de terres par les trusts agroalimentaires, la crise écologique, le scandale de la marée noire en Nouvelle-Orléans, la guerre au Moyen-Orient (...) » (2)

 

« Trente-deux équipes, dont une vingtaine issues de pays occidentaux, vont pouvoir fouler les pelouses de leurs crampons, et servir les bas instincts pulsatifs de milliers d’hommes et de femmes peuplant les stades en jouant aux gladiateurs des temps modernes. Sauf que ces gladiateurs sont devenus des hommes d’affaires intouchables, dont le salaire mensuel (disons honoraires ou dividendes) correspond, à plusieurs années de travail d’un salarié français moyen. Juste pour pousser une balle avec ses potes jusqu’à 30 ans, pendant que de plus en plus de Français vont être obligés de travailler jusqu’à 65-70 ans. (...) Une question vient à l’esprit : si le football était vraiment un sport, ne pourrait-on pas payer ces gens raisonnablement, à hauteur du salaire minimum ? Ne pourraient-ils pas reverser ce capital vers ceux qui en ont besoin, aux pauvres oubliés par l’Occident, aux peuples d’Afrique, d’Asie, d’Amérique, au lieu de prendre l’Afrique pour une cour de récréation ? (...) Aux quatre coins du monde, surtout dans les pays plus pauvres, c’est partout la même logique du capitalisme : l’appareil économique occidental s’implante, génère des marges commerciales et des bénéfices. Il fait de l’argent sur place en exploitant la main-d’oeuvre locale, et rapatrie ses capitaux dans les grandes banques européennes. (...) »

 

D’après la Fifa, chaque nation présente en Afrique du Sud recevra une dotation d’au moins 8 millions de dollars, une somme qui augmente en fonction du parcours de l’équipe : un quart de finaliste gagnera par exemple plus de 11 millions d’euros, et le champion du monde, environ 25 millions d’euros. Les clubs des joueurs engagés touchent aussi des dotations, pour un total de 40 millions de dollars. 278.5 millions d’euros seraient distribués aux équipes participantes. A raison de 8,2 millions d’euros par équipe. Chaque joueur aura une indemnité de 1600 dollars par jour. Cette indemnité cessera le lendemain de l’élimination de l’équipe des joueurs. La Fifa va recevoir environ 2.1 milliards d’euros uniquement avec les droits TV auxquels il faut ajouter les nombreux sponsors qui doivent verser plus d’un milliard d’euros. (3)

Pr Chems Eddine CHTOUR, polytechnicien

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
  • Le blog s'ouvre sur les questions touchant à l'évolution mondiale intégrant diverses contributions : l''art, la littérature, et de façon générale, la culture qui interprètent le monde et font partie de ma façon d'appréhender le fait humain.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité