Censure au musée Picasso de Vallauris

Mémoires re-racontées : Ma mère m’a dit de Zineb Sedira interdit  par le maire de Vallauris

Le film Retelling Histories : My mother told me (Mémoires re-racontées : Ma mère m'a dit) de l'artiste franco-algérienne Zineb Sedira a été retiré de son exposition temporaire (du 6 mars au 20 septembre 2010) au Musée Pablo Picasso de Vallauris, à la demande de l'U.N.H.A.S (Union Nationale des    Harkis Associés et Sympathisants) du Var, et ne sera plus projeté. Dans la vidéo incriminée, l'artiste interroge en français sa mère, qui lui répond en arabe, sur ses origines, la guerre d’Algérie et son arrivée en France. Dans la version anglaise, le mot harki est traduit sans aucun problème par le mot collaborator, mais dans la version française, le  terme traduit par collaborateur fait fâcheusement référence à l'Occupation allemande et aux Nazis, d'où l'ire des Harkis. Dans un premier temps, à la demande de Maurice Frechuret, directeur du Musée, l'artiste avait accepté de remplacer le mot collaborateur par le mot harki. Dans un deuxième temps, elle apprit que la nouvelle version n'avait pas été mise en place mais purement et simplement supprimée. M. Fréchuret porteur du nouveau DVD découvrit l'exposition fermée et la banderole l'annonçant décrochée, cette mesure émanant du fait du maire de Vallauris, Alain Gumiel, suite à la colère d'anciens combattants d'Afrique du Nord et de  militaires à la retraite. L'artiste ayant fait un geste auto-apaisant, on peut s'étonner - à juste (sous-)titre - de cet interdit, d'autant plus que sa vidéo a été exposée dans plusieurs musées sans le moindre problème. Rappelons, qu'en matière jurisprudentielle, seule une menace sérieuse de l'Ordre public peut justifier une interdiction municipale, notamment filmique ! Cela est-il le cas ? L’Observatoire de la Liberté de Création a diffusé un communiqué en faveur de l'artiste : "Le maire de Vallauris vient de procéder à une censure inadmissible en censurant l'intégralité de l'exposition de Zineb Sedira au musée Picasso de Vallauris. L'une des vidéos  exposées, Retelling Histories : My mother told me, a présenté un problème de traduction que l'artiste s'apprêtait à corriger (...). Cette mesure est totalement disproportionnée et porte atteinte à la Liberté de création et aux droits de l'artiste. L'Observatoire de la Liberté de création demande que l'exposition de Zineb Sedira soit ouverte à nouveau au public et présente l'œuvre vidéo Retelling Histories : My mother told me avec la modification acceptée par l'artiste. Il suggère que des débats soient organisés par la mairie avec l'Association Harkis et Droits de l'Homme afin que Zineb Sedira puisse faire valoir son point de vue, hors de toute censure". Affaire à suivre !

Albert Montagne

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