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3 mars 2010

Florence Aubénas : une femme debout

2010_02_21_florence_aubenas_inside

LE LIVRE EVENEMENT DE FLORENCE AUBENAS
Dans la peau d'une femme de ménage

NOUVELOBS.COM | 11.02.2010 | 11:50

Document Huit jours avant la sortie du "Quai de Ouistreham", aux Editions de l’Olivier, le Nouvel Observateur en publie les bonnes feuilles. Le fruit d’une immersion de six mois dans le quotidien des travailleurs précaires.

Lorsque Florence Aubenas a demandé à prendre un congé sabbatique, la rumeur a couru qu’elle partait écrire un roman au Maroc. Quelques mois plus tard, on a compris que le Maroc n’était qu’un écran de fumée destiné à protéger son véritable projet. Florence s’était installée à Caen où, dans le plus grand secret, elle avait décidé de s’inscrire au chômage et de chercher du travail. Elle avait conservé son nom, ses papiers, tiré ses cheveux en arrière après les avoir teints en blond, pris l’habitude de garder ses lunettes sur le nez. L’expérience a fonctionné. A deux exceptions près, personne n’a reconnu la journaliste dont le portrait s’affichait sur les murs quatre ans plus tôt, à l’époque où elle était détenue en Irak. Pendant six mois, de février à juillet 2009, Florence Aubenas s’enrôle dans cette armée de CDD qui constitue aujourd’hui une nouvelle classe ouvrière. Elle fait la tournée des agences d’intérim où, quand on ne l’éconduit pas d’un : « Vous êtes plutôt dans le fond de la casserole, madame », on la traite, dit-elle, « avec une douceur d’infirmière dans un service de soins palliatifs ». Jusqu’au jour où une conseillère de Pôle Emploi lui assure que, dans son cas, la meilleure solution, c’est de s’orienter vers la spécialité d’agent de nettoyage. Au bout d’un mois et demi, la voilà employée à bord du ferry pour l’Angleterre, à Ouistreham, à récurer les cabines et les toilettes. Une heure par jour, de 21h30 à 22h30. Viendront s’ajouter d’autres boulots, quand ce ne seront pas quelques heures attribuées au dernier moment. Au total, elle ne gagnera jamais plus de 700 euros par mois. Florence raconte de façon saisissante ce qu’elle a vécu. La fatigue nerveuse, les horaires qui n’en finissent pas, les déplacements incessants d’un travail à l’autre, la vulnérabilité qui oblige à subir et à fermer sa gueule, mais aussi la solidarité et les moments de bonheur arrachés à un monde où une prime de licenciement de 200 euros fait figure de parachute en or et un CDI de 5h30 à 8 heures le matin, de passeport pour le paradis. Michel Labro
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Dans la peau d'une femme de ménage

"Tout le monde m’avait mise en garde. Si tu tombes sur une petite annonce pour un boulot sur le ferry-boat à Ouistreham, fais attention. N’y va pas. Ne réponds pas. N’y pense même pas. Oublie-la. Parmi ceux que j’ai rencontrés, personne n’a travaillé là-bas, mais tous en disent la même chose : cette place-là est pire que tout, pire que dans les boîtes de bâtiment turques qui te payent encore plus mal qu’en Turquie et parfois même jamais ; pire que les ostréiculteurs, qui te font attendre des heures entre les marées avant d’aller secouer les poches en mer par n’importe quel temps ; pire que dans le maraîchage, qui te casse le dos pour des endives ou des carottes ; pire que les grottes souterraines de Fleury, ces anciennes carrières de pierre, puis abris antiaériens pendant la guerre, devenues aujourd’hui des champignonnières, qui te laissent en morceaux au bout d’un après-midi de travail. Pour les pommes, on en bave aussi, mais la saison commence plus tard. Ces boulots-là, c’est le bagne et la galère réunis. Mais tous valent mieux que le ferry d’Ouistreham.
Comme tous les matins, je viens d’arriver à Pôle Emploi. J’y ai mes habitudes,maintenant, je connais l’imprimante qui fonctionne correctement, le téléphone où il est presque possible de s’isoler, la manière de changer le papier de la photocopieuse. En général, je rentre, je fonce en essayant de viser le seul ordinateur qui permet de consulter les annonces assis, et pas debout devant un petit comptoir. Il est libre, aujourd’hui. Ça doit être un signe de la providence, j’en suis sûre. […]
Devant moi, les offres du jour ont commencé à apparaître. Je les connais presque toutes par coeur, ce sont les mêmes qui tournent en boucle parfois pendant des jours.
– A Deauville, vous nettoierez les extérieurs d’un magasin de luxe, trottoirs et vitres. Vous travaillerez une heure et demie par jour, du lundi au samedi, de 9 heures à 10h30. Expérience exigée en lavage de vitres.
– A Bréville, dans une collectivité, vous serez cette personne polyvalente chargée du service à l’assiette, de la plonge, du ménage des communs, du ménage des chambres.
Horaire découpé (9 heures-14h30 et 19h30-22 heures), travail les jours fériés et week-ends par roulement ; pas de possibilité de logement, contrat à durée déterminée de deux mois, expérience exigée de service en salle, avantage en nature en nourriture. […]
– A Ifs, vous serez chargé de diverses tâches de manutention, tonte des pelouses, entretien et petite réparation, livraisons de pièces auto. Votre contrat sera de cinq mois, poste réservé aux travailleurs handicapés.
– A Merville-Franceville-Plage, vous serez garant d’une propreté irréprochable de l’établissement, vous aurez en charge le nettoyage des sanitaires, des mobile homes et de toutes les structures d’accueil. Contrat de quatre heures par semaine pour quatre mois.
Je repère une nouvelle annonce.

Suite: http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20100211.OBS6614/dans_la_peau_dune_femme_de_menage.html

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