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14 février 2010

Les voix du Pamano

CABRE


Les voix du Pamano, Jaume Cabré –Christian Bourgois

Quel roman !

Les voix du Pamano c’est un roman polyphonique aux voix âpres et lumineuses.

C’est un immense plaisir de lecture. C’est un roman qui respecte le lecteur et qui noue avec lui avec une connivence difficile, labyrinthique, séductrice, et, finalement fusionnelle. C’est un roman dont l’exigence d’écriture est magnifiquement assumée. La forme, déjà, est remarquable. Une sorte de mosaïque qui mêle l’Histoire, celle de la période franquiste et l’histoire intime de l’être qui y sont mêlés. Par des effets de miroirs, Jaume Cabré renvoie les protagonistes à eux-mêmes dans un jeu où mensonge et vérité s’affrontent.

C’est autour de deux figures féminines, celle d’Elisenda Vilabrù et celles de Tina Bros que gravitent les personnages et particulièrement José Oriol Fontelles qui écrit à sa fille supposée :

« - "Voyons. Je dois me cacher du maquis pour aller regarder de loin ma femme et ma fille dont j'ignore comment elle s'appelle mais qui a une main si mignonne, elle semble dire toujours adieu ; il faut que je désoriente des phalangistes qui font les mouchards, et pour ne pas vous mettre en danger, ma fille, je renonce à parler à ma femme et à t'embrasser, à prendre ta main, et à te dire une poule sur un mur qui picore du pain dur, quand ce ne serait qu'une fois dans ma vie ; il me faut dissimuler chaque jour et chaque nuit devant le groupe de phalangistes de Targa pour faire le travail que le haut commandement m'a ordonné ; il faut que je me taise avec les enfants pour qu'ils continuent à penser que je suis un maître qui ne cache pas des fugitifs ou des combattants dans les combles de l'école ; il faut que je dissimule devant Valenti Targa pour qu'il ne soupçonne pas qu'à l'école se reposent des gens qui suivent le chemin de la peur et que je suis leur hôte ; il faut que je me cache des femmes Ventura, qui me haïssent (...). Je dois me cacher de moi-même parce que j'ai été très lâche."

Comme un microcosme, le lieu choisi est un village des Pyrénées catalanes, Torena. Là se joue un théâtre d’ombre où chacun règle ses comptes, où l’ennemi est identifié, où les rancunes s’exacerbent dans un contexte historique violent et sans pardon.

Difficile d'aller au-delà. Il faut lire ce livre puissant et rare au pages éclatantes et sombres comme les voix ténébreuses du Pamano, faisant écho au inquiétudes humaines dans les soubresauts assourdissants de l'Histoire.

Magnifique !

Niurka Règle


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