Droit à l'avortement une remise en cause dont il faut se garder
En France, il y a la manière "soft", maintenant bien rôdée : La fermeture des CIVG n’est pas un dégât collatéral, c’est une mesure lourde de conséquences! C’est un déni de la loi de 1979, qui impose un CIVG dans chaque hôpital public. C’est le renoncement au rôle des hôpitaux publics d’offrir des services de proximité.
C'est dire que la vigilence s'impose. une vigilance qui ne peut faire l'économie d'une résistance audacieuse.
Niurka Règle
En Pologne, le droit à l'avortement a été garanti pendant plusieurs décennies. Ce n'est qu'après la chute du mur de Berlin, en période de démocratisation, qu'une loi très restrictive a été adoptée (1993). La loi actuelle n'autorise l'interruption volontaire de grossesse (IVG) que dans trois cas : lorsque la vie ou la santé de la femme est menacée, en cas de malformation grave ou de maladie inguérissable du foetus et lorsque la grossesse est le résultat d'un délit (viol ou inceste). Dans les faits, ces conditions ne sont même pas respectées, car un nombre grandissant de femmes qui répondent à ces critères se voient malgré tout refuser l'accès à un avortement dans les hôpitaux publics.
La situation n'a fait qu'empirer avec l'arrivée au pouvoir d'une majorité de droite farouchement opposée à l'avortement. Fin 2006, la Ligue des familles polonaises a déposé une proposition de modification de la constitution visant à voir reconnaître la "protection de la vie humaine dès sa conception". En clair, l'objectif est de rendre l'avortement illégal dans presque tous les cas, y compris les plus dramatiques. Cet amendement a été rejeté par le parlement en avril 2007 mais pourrait être encore présenté très rapidement. Mais la droite souhaite aller encore beaucoup plus loin en punissant pénalement les femmes qui pratiqueraient un IVG illégalement. Certains parlementaires disent que ces femmes qui avortent "méritent la prison à perpétuité". Quant à l'opposition, elle est inexistante, la gauche n'ayant pas jugé bon de se prononcer sur la question de l'avortement pour des raisons électorales.
Les données officielles indiquent qu'il y aurait environ 150 avortements par an en Pologne, alors que les centres indépendants estiment le nombre d'avortements illégaux, pratiqués dans des cliniques privées, entre 80,000 et 200,000 par an. Par ailleurs, les sommes demandées pour effectuer une IVG dans un cabinet privé sont exorbitantes : environ 1,200 euros alors que le salaire moyen en Pologne s'élève à hauteur de 500 euros. Les femmes précaires ne peuvent donc pas avoir recours aux services d'un cabinet privé en cas de grossesse indésirée. D'autre part, celles qui souhaitent avorter sont automatiquement stigmatisées, tandis que celles qui pratiquent une IVG illégale dans un cabinet privé sont dénoncées. Les médecins, quant à eux, sont emprisonnés. Pour le moment, il n'existe pas de réseau polonais de médecins solidaires. La situation en est d'autant plus préoccupante.
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