Qui suis-je ?
Attention, ça n'arrive pas qu'aux autres ...
http://goudouly.over-blog.com/article-identite-perdue--43689048.html
Je ne sais pas comment j’ai fait mon compte, mais dernièrement j’ai réussi à perdre ma carte d’identité.
Jusque là rien d’extraordinaire, vous direz que je suis étourdie, je vous répondrai que parfois je le suis.
Enfin j’ai du la laisser tomber dans un endroit où personne n’a su la ramener au poste de police le plus près.
C’est embêtant mais bon on s’en débrouille, et j’ai commencé des démarches vers ma mairie pour en refaire faire
une.
Déclaration de perte, rassembler les documents nécessaires, récolter les documents qu’il manque et attendre le résultat.
C’est là que cela devient compliqué.
Le certificat de naissance de mes parents m’a été demandé.
Ils sont nés l’un en Italie, l’autre au Portugal...il y a fort longtemps...dans des endroits où les papiers ne se conservaient
pas tant que ça. Ils ne sont plus là pour me fournir des papiers qui peut être n’ont jamais existé.
Enfin vous avez compris ils ne sont pas nés en France.
Et là ça se complique encore plus pour moi.
J’explique à la gentille dame que je suis née en France, que j’ai toujours vécu en France, que j’ai fait mes études en France, que mes enfants sont français...rien n’y fait.
Il leur faut le lieu de naissance de mes parents avec certificat à la clé.
Je ne vois pas à quoi cela devait leur servir puisqu’ils étaient sûrs qu’ils n’étaient pas nés en France.
Toujours est-il que je me retrouve sans papier d’identité.
Pour justifier un chèque au supermarché pas de soucis, avec le permis de conduire j’y arrive, en espérant ne pas le perdre.
Là je vous promets que je fais gaffe au permis de conduire, car si je le perds je n’ai pas de carte d’identité pour en demander un.
Tenez un jour lors d’une des innombrables recherches de documents pour justifier de la nationalité de mes parents, comme si l’administration avait besoin de savoir où il sont né pour savoir si je suis française, alors que j’avais remis LE document de perte de carte d’identité, un zélé fonctionnaire fini par demander après avoir étudié ma liste de documents : vous avez une carte d’identité ?
J’ai failli m’évanouir.
Puis j’ai ri.
En moi, pour ne pas vexer le fonctionnaire. C’est que je la veux ma carte.
Pour mes parents j’ai cherché partout dans mes archives, j’ai demandé au ministère des affaires étrangères, je me demande encore pourquoi, leur certificat de naissance.
Rien,
de toute manière ils n’étaient pas français et je crois me rappeler
qu’ils ne s’étaient pas fait naturaliser. Enfin je n’ai pas de papier
prouvant le contraire.
L’Etat français me demande de prouver que je suis française et cela passe par la nationalité de mes parents...j’ai comme le sentiment que je n’ai pas fini d’être en galère.
Je suis née en France.
Je fais toute ma scolarité en France.Je suis très peu allée à l’étranger et même pas dans les régions de naissance de mes parents. Tellement mes attaches sont ici.
A y regarder de plus près le droit du sang est en train de prendre le pas sur le droit du sol.
Je ne sais pas comment prouver que je suis française...puisque je le suis.
La seule preuve absolue de ma nationalité française, administrativement, c’est le certificat de nationalité.
Et qui c’est qui délivre ce sésame ?
Avant c’était à Nantes, maintenant c’est une structure unique, le Pôle de la nationalité française à Paris qui traite toute demande relative à la nationalité française : certificat, déclaration, information...
Ces démarches ne sont plus assurées par les tribunaux d'instance.
Sacré évolution.
Je suis allé voir sur le net. Je ne suis pas isolée dans ce cas. 130 000 cas similaires voient leur nationalité française contestée. Une pétition a même été lancée pour alerter les pouvoirs publics...comme s’ils n’étaient pas au courant, comme si le débat sur l’identité nationale n’avait rien à voir avec tout ça.
Ils créent des français de différentes catégories, ils divisent, ils opposent, ils inquiètent, ils précarisent, façon puzzle.
En attendant je me sens exclue, comme un citoyen en errance, sans pays.
Mais j’y pense, ils n’ont qu’à me raccompagner dans mon pays, comme ils le font pour tant de personnes en situation irrégulière, car mon pays c’est la France justement.
Me voilà sans papier, mais sans crainte, il faudra bien qu’ils me les redonnent ces papiers.
Nous devrions nous occuper de notre avenir.
Aurore