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Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
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9 décembre 2009

Le sommet de Copenhague

ClimateChange

QU’ATTENDRE DU SOMMET DE COPENHAGUE ?

Interview de Jacques Nikonoff, porte-parole du Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP) au journal La Terre

Le 8 décembre 2009.

Pas d’espoir climatique sans justice sociale

Porte-parole du M’PEP (Mouvement politique d’éducation populaire) et ancien président d’Attac, Jacques Nikonoff donne à La Terre dans son numéro du 2 décembre 2009 son point de vue sur les enjeux du sommet de Copenhague. Un discours qui prend à rebours certaines idées répandues...

La Terre : Que faut-il attendre du sommet de Copenhague ?

Jacques Nikonoff : D’abord, avant le sommet de Copenhague, il y a celui de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) à Genève, où il s’agit d’accélérer la libéralisation du commerce international. Or le libre-échange est une des causes majeures des dérèglements climatiques et au-delà, de la dégradation de l’environnement. Et il y a une diversion gigantesque qui vise à faire apparaître les questions climatiques comme indépendantes du commerce international libéralisé. Nombre d’organisations de gauche, partis, syndicats, associations... se sont malheureusement laissé entraîner dans cette diversion, et ne parlent plus que de Copenhague en oubliant Genève. Pourtant, si on veut vraiment s’attaquer aux problèmes de l’environnement, il faut organiser la décroissance du commerce mondial.

Selon vous, le protocole de Kyoto était déjà contraint par les exigences du commerce mondial ?

Il était plombé dès le départ par l’exigence, posée d’entrée par les classes dirigeantes, de ne pas toucher à la façon dont le capitalisme génère actuellement des profits. Les mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre par la création de bourses d’échange du carbone vont d’ailleurs dans ce sens. On voit le résultat : il est nul. Pourtant des organisations comme les Verts ont soutenu cette création d’un marché des « droits à polluer ». Il y a un discours qui vise, au-delà du problème bien réel du changement climatique, à instaurer une sorte de « terreur climatique » pour faire passer des mesures antisociales, et pour éviter que le vrai problème soit posé, c’est-à-dire le mode de production capitaliste avec le libre-échange et le productivisme.

Comment le commerce international nuit-il au climat, selon vous ?

Il y a un exemple évident, celui des échanges agricoles. Quand Union européenne et Etats-Unis subventionnent l’agro-industrie pour favoriser les exportations vers les pays du Sud, cela entraîne des transports extrêmement nuisibles à l’environnement et empêche le développement de l’agriculture vivrière locale. En plus, cela multiplie les problèmes d’eau, de déforestation... Et cela marche aussi dans l’autre sens puisque pour récupérer des devises, afin de rembourser leur dette voire payer leurs importations alimentaires, ces pays sont conduits à orienter leur agriculture vers l’export. Il est impératif de briser ce cycle infernal par une politique qui permette de viser la souveraineté et la sécurité alimentaires pour chacun. C’est valable aussi dans l’industrie, où les délocalisations entraînent des va-et-vient inutiles de marchandises. Il faut annuler la dette, rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. Et pour cela il faut s’attaquer au capitalisme et au profit, affronter les logiques du capitalisme - ce que certaines forces se refusent à faire.

Que pensez-vous de la fiscalité « verte » ?

Nous condamnons tout ce qui concourt à culpabiliser la population en dédouanant les classes dirigeantes du capitalisme de leur responsabilité première. Par les modes de production qu’ils imposent, les capitalistes façonnent les modes de consommation. Cela n’empêche pas d’appeler les citoyens à la lutte collective, et à une certaine éthique individuelle ; mais mettre l’accent sur les seules responsabilités individuelles est une diversion insupportable. Par ailleurs, nous ne sommes pas contre toute fiscalité « verte » ; mais nous sommes contre une fiscalité antisociale peinte en vert. Donc contre toute fiscalité indirecte qui pénalise les classes populaires, et pour une fiscalité directe, sur le modèle de l’impôt sur le revenu, progressif et proportionnel aux revenus. Si une fiscalité « verte » doit être mise en place, qu’elle pénalise les entreprises dont les processus de production sont nuisibles à la fois à l’environnement et aux êtres humains ! A cet égard, la taxe carbone est une pure fantaisie.

Comment les citoyens peuvent-ils agir ?

Le problème est là : le mouvement social est largement absent de Genève car il s’est fait avoir par la diversion. Et le capitalisme n’est pas menacé non plus à Copenhague parce qu’un certain nombre de mouvements sociaux, altermondialistes et autres, n’ont pas les idées claires là-dessus. Il faut regarder les choses en face : on ne peut pas attendre grand-chose de positif de tels sommets tant qu’il n’y aura pas une sérieuse réflexion critique dans les partis, les syndicats, les associations de gauche sur le libre-échange et sur la question climatique. Sans cela, il n’y aura pas d’avancée.

N’existe-t-il pas pour autant une place pour prendre des initiatives ?

Bien sûr. Il faut d’abord et aussi intervenir à l’échelon national qui reste celui où les mécanismes démocratiques demeurent, à la différence des grandes organisations et des grands événements internationaux. On peut avancer vite et prendre des décisions extrêmement efficaces à l’échelle nationale ; et si une série de gouvernements prend ces décisions, cela peut avoir un poids déterminant. On peut prendre des mesures protectionnistes pour ralentir le commerce international, dans les domaines agricole et industriel en particulier. Il faut relocaliser les activités productives, par exemple interdire la réimportation de pièces produites à l’étranger... Bien sûr, il faut lutter aux échelons européen et international, mais cela ne doit pas justifier l’immobilisme à l’échelon national, comme le font les gouvernements. Il faut en revenir au principe simple de l’équilibre des échanges. Il n’y a pas de raison théorique, politique ou morale pour que des pays soient dans la situation de vendre tout le temps aux autres, et d’autres d’acheter toujours.

Propos recueillis par Olivier Chartrain

                              
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