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20 septembre 2009

LA MINUTE PRESCRITE POUR L'ASSAUT, Jérôme Leroy

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“La minute prescrite pour l’assaut” , Jérôme Leroy - Mille et une Nuits

J’avais à peine lu quelques pages que déjà j’en conseillais la lecture. Et, une fois le livre terminé, j’ai su que je ne m’étais pas trompée !

Ce qui frappe dans ce roman c’est qu’en nous plongeant dans un futur apocalyptique, nous somme en réalité dans un univers proche du nôtre où tout  est déjà est en place pour une entrée de fin du Monde : guerres nucléaires, bombes à la puissance destructrice décuplée, désastre écologique, bandes communautaires organisées, hordes sauvages suréquipées, monstruosités psychologiques, un virus nommé Marburg 2 qui  ravage la France.
Trop tard pour une mise en cause du libéralisme carnassier mais les choses sont dites :    “...atmosphère puante de réarmement moral, de célébration du jogging, de l’hygiène, de la valeur travail", le règne du consensus mou et de l’approbation passive généralisée, de la "tolérance inquisitoriale et délatrice".
Et pourtant, on ne sort pas totalement défait d’une telle lecture. d’abord, parce que dans cet univers mortifère, es personnages  persistent à sublimer leurs vies outrageusement  menacées : plaisir de la table, plaisir du vin, le plaisir du sexe et par les références littéraires qui sont autant de nourritures qui enchantent, parfois,  une réalité tragique.

Et puis,  y a Kleber, un écrivain, lucide à  l’immense culture qui vit et regarde le monde sans se départir d’un humour qui met à distance l’horreur des situations, Kleber qui aime le vin et les femmes.

Les femmes justement, celles qu’il aime ont la force et la fragilité qui font tout leur beauté : L’africaine Kardiatou, la Kolkhozienne aux sein nus, Chloé et Sarah la lieutenante de gendarmerie,  son dernier amour.

Il y a dans le roman une triple insolence. D’une part le livre est dédié à Hugo Chavez et à Amy , morte alcoolique et droguée,  dont le chant ponctue le texte comme un adieu mélancolique.  Et chose politiquement pas vraiment correct,   Kleber est membre du P.C.F.,  clin d’oeil à la faillite d’un rêve.

Difficile, toutefois, de parler de ce roman, de sa densité, de sa force, de ses soubresauts. Les personnages qui savent que la catastrophe finale est imminente, que le temps est compté.  ont conscience d’être sur un siège éjectable. Pourtant, ils vivent jusqu’au bout l’amitié et l’amour et les situations improbables, avec une sorte détachement comme dans un rêve éveillé.

Pas de nostalgie non, plus, pas plus que de pardon à la déraison humaine. Ce qui fait dire à Kleber :
"Têtes de cons. Bien fait pour vos gueules. Vous n’aviez qu’à lire de la poésie. Ou voter communiste. Ou les deux. On n’en serait pas là".

Lire “La minute prescrite pour l’assaut”, c’est découvrir un auteur dont la maîtrise narrative est à la hauteur de ce qui est dit. Et Jérôme Leroy a des choses à dire.

Un de ces romans dont on partagera la lecture et que l’on offrira , sans hésiter, comme un texte étonnant et détonnant dans la jungle des livres.

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