La voix, Arnaldur Indridason
La voix, Arnaldur Indridason -Policiers Points
L’Islande, une terra incognita pour nombre d’entre nous. C’est la cadre du roman. Dans un grand hôtel de luxe de Reykjavik, on retrouve, la veille de Noël, le corps du portier Gudlangur, assassiné, dans dans un sordide cagibi où il résidait depuis de longues années. Il venait d’être licencié.
Ce meurtre, au moment des fêtes de Noël, où il venait de revêtir le costume du bonhomme en rouge à l’ocasion d’un goûter offert aux enfants, frôlait le scandale. Il fallait faire silence sur l’affaire. C’était mal connaître l’inspecteur Erlendur Sveinsson qui avec un zèle obstiné va démêler l’écheveau sinistre d’une société en réduction, miroir de notre société, avec ses zones d’ombres mais aussi, parfois, chargée d’humanité.
Étrange, le cadavre qui arborait l’habit du Père Noël dévoilait son sexe dénudé coiffé de façon grotesqe d’un préservatif macilé de salive . On apprendra, au cours de l’enquête que cet homme fut, au temps de sa jeunesse, un jeune prodige du chant choral, une voix exceptionnelle, une voix dont certains ont gardé le souvenir. et même des disques....On découvrira, aussi, les relations orageuses du père et du fils , sorte d’écho à l’enfance du détective..
Erlendur, le personnage central, être souffrant et tourmenté donne toute sa dimension humaine au livre. Les personnages qui l’entourent dans le cadre de l’enquête échappent à la fadeur des seconds rôles, ainsi de la fille d’Elendur, jeune droguée en quête de reconnaissance, ainsi de la jeune prostituée de luxe travaillant dans l’hôtel, ainsi de la spécialiste des prélèvements d’ADN subtile et secrète.
Le texte complexe et dépaysant joue des hésitations de l’enquête et se lit avec un réel plaisir. Il y a une certaine élégance dans la façon de mener le récit. Le regard désabusé de Gudlangur sur un monde désincarné n’est jamais simplificateur et le récit polyphonique qui nous est offert est très convaincant.
Niurka Règle