Journal intime d’un marchand de canons, Philippe Vasset -Fayard
Nous sommes face à u roman très abouti. Il y est question, évidemment de marchands de canons dont le métier consiste à gérer les affaires avec la maîtrise du parfait commercial; Seulement, là, il faut quelques qualités supplémentaires : savoir faire, sens de l’intrigue, disponibilité, mobilité, prestance, sens de l’adaptation, goût du risque.
Le “je” du roman vit la chose comme une aventure qui n’est autre que l’aventure de la vie. Sujet romanesque qui se déploie dans le rêve délibéré du narrateur : marchand de canons vécu comme une mise en abîme d’un destin hors norme.
Seulement la projection est affadie par un réel moins stupéfiant : entre hôtels, aéroports, salles de réunions, breaftings et débreaftings, un métier presque aussi trivial qu’un commercial vendant TGV, airbus et autres métros.
Pourtant, vendre des missiles installe le héros à un autre degré de jouissance. Et on assiste ébahi au ballet névrotique d’un agent commercial as comme les autres qui de manière quasi virtuelle se déplace dans un univers complètement déconnecté de la société. mêlant les activités d’espionnage avec leur s lots de trahisons et de revirements pas toujours confortables.
Finalement notre héros sera rattrapé par le réel et nous assistons, alors, à sa fuite en avant et sans doute à quelque chose qui rend, enfin, le personnage plus humain, avec ses premiers doutes et son premier désarroi. Le journal s'achève à l'instant de ce vacillement.
Il est évident que Philippe Vasset a une bonne connaissance de ce milieu très spécial. Mais cela ne suffit pas pour écrire un bon roman. Et celui-ci est excellent
Niurka Règle