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Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
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16 février 2009

Libération se verrait bien désinformer ses lecteurs à vie.

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Une photo de Reuters montre un Chavez solitaire émergeant, narquois, de
son château-fort. Le titre : "Chavez se verrait bien en président à vie".
Les intertitres : "caudillo" et "insécurité". Les témoins parlent de
“caudillisme”. La révolution bolivarienne est un “castrisme new-look”.
Voilà ce que Libération offre à ses lecteurs, le 14 février 2009, en guise
d´information préalable sur le nouveau scrutin que vient de remporter avec
une confortable  majorité populaire au bout de dix ans de révolution (1).

En 2006 ce journal inventait déjà de toutes pièces l´antisémitisme de
Chavez au moyen d´un truquage de texte décrypté en détail par
l´association Acrimed (2). Cette fois un certain Gérard Thomas met en
doute la victoire populaire au référendum de ce dimanche 15 février au
motif qu´une “puissante” “union bolivarienne des étudiants” aurait décidé
d´appuyer le “non” de droite. Le problème pour G. Thomas c´est que nul n´a
jamais vu l´organisation dont il parle. Les médias d´opposition
vénézuéliens où il puise ses informations (l´opposition détient la
majorité des titres de presse, web et 80 % du spectre radio et Tv) sont
passé maîtres dans la manipulation mondiale et dans la récupération du
label “bolivarien” pour fabriquer des clones virtuels destinés à semer la
confusion parmi les électeurs. Le principal mouvement étudiant au
Venezuela, le vrai, s´appelle “fédération bolivarienne des étudiants”. Née
il y a six ans de l´explosion des missions éducatives et de la création de
l´université bolivarienne sur l´ensemble du territoire, cette fédération
représente des millions de jeunes qui ont défendu hier dans les urnes la
poursuite de la démocratisation d´une université jusqu´ici réservée aux
classes supérieures. Les étudiants des universités privées, minoritaires
mais ultramédiatisés, n´ont cessé de manifester leur refus raciste de
partager l´éducation supérieure avec quelques millions de nouveaux
condisciples de milieu populaire. La victoire populaire de dimanche signe
leur défaite autant que celle des grands médias.

Gérard Thomas qualifie la démocratie venezuelienne de “castrisme new look”
? Une seconde, permettez. Après dix ans de révolution le Venezuela compte
une quarantaine de partis politiques, de l´extrême-droite à
l´extrême-gauche. La grande majorité des medias appartient à l´opposition.
L´ONG chilienne indépendante Latinobarometro (3) qui sonde tout le
continent vient de classer le Venezuela avec un score de 80% sur l´échelle
de la conscience démocratique en Amérique Latine. Le président Lula a
souligné récemment que Hugo Chavez est sans doute le plus légitime des
présidents latino-américains, vu le nombre d´élections et de référendums
organisés sous sa présidence, et qu´il ne voyait que démocratie dans le
référendum de dimanche puisque c´est le peuple qui tranche. Rafael Correa,
depuis l´Equateur, demande qu´on cesse de donner des lecons à la
démocratie vénézuélienne et les Présidents de la Bolivie et du Paraguay,
Evo et Lugo ont souhaité bonne chance au Président Chavez quelques heures
avant les élections. Si tous ses collègues latinoaméricains le saluent
ainsi, c´est aussi parce qu´ils reconnaissent que si aujourd`hui
l´ìntégration latinoaméricaine avance à grand pas avec des initiatives
comme la UNASUR , l`ALBA ou la Banque du Sud c`est en grande partie grace
a la diplomatie vénézuélienne que Thomas qualifie d`«erratique» sous
prétexte que le Venezuela aurait rompu ses relations avec Israël par
solidarité avec le peuple palestinien et entretienne de bonnes relations
avec l`Iran comme avec tous les grand pays du Sud de la Chine au Viet Nam,
de l´Afrique du Sud a la Malaisie : ce sud que des médias comme Libé se
refusent de voir.

Pourquoi faut-il que Libération continue à cacher à ses lecteurs que la
possibilité de rendre rééligibles tous les élus sans limite permet
simplement de multiplier l´offre démocratique des candidats ? Que cela
existe déjà dans la plupart des démocraties ? Qu´en France c´est Nicolas
Sarkozy qui a fait supprimer cette possibilité de se présenter plus de
deux fois à la présidence (sans doute traumatisé par l´hypothèse d´un
troisième mandat de Chirac - lequel aurait pu, peut-être, empêcher la
France de retomber sous la coupe de l´OTAN). Pourquoi cacher qu´au
Venezuela les observateurs internationaux ont jugé transparents,
démocratiques toutes les élections, tous les référendums ( quinze en dix
ans alors qu`entre 1959 et 1998 n`ont eu lieu que 12 elections ans ),
saluant un systeme electoral des plus fiables au monde?

Au fond ce que craint Libération c´est que la politique puisse encore
passer par des projets à long terme, portés par de grands hommes d´État,
comme de Gaulle a pu l´incarner à une époque. Pour Libération la
democratie consiste a renouveler rapidement les présidents comme les
produits frais au marché. Quelle importance comme le soulignait encore
recémment une étude de la CEPAL , si la pauvreté a baissé de 20 % et que
l´inégalité sociale ne cesse de se résorber, si la santé publique gratuite
sauve des millions de vies, s´il y a encore tant à faire du point de vue
de la majorité sociale pour sortir à jamais de la misère et construire
l´égalité totale des droits ? Quelle importance si les vénézuéliens,
contrairement aux francais, ont déjà conquis le droit de monter légalement
des médias alternatifs, d´y user d´une pleine liberté de parole, ou le
droit de décider des politiques locales et de les évaluer à travers des
milliers de conseils communaux ? Gérard Thomas fait dire à un “habitant de
Caracas” que ce ne sont là que "promesses non tenues d´année en année".

Libération est passée de Sartre à Rothschild, sans sortir des règlements
de compte des années 80, rivée au dogme selon lequel toute révolution mène
au stalinisme. En fondant le journal Sartre avait prévenu : “Le droit a
l´information n´est pas, comme on le croit à tort, un droit du journaliste
mais le droit du peuple de savoir ce qui se passe. Le rôle du journaliste,
en somme, est de permettre au peuple de discuter avec le peuple”.


Maximilien Arvelaiz et Thierry Deronne

Caracas, le 15 février 2009


Notes :

1.
http://www.liberation.fr/monde/0101319404-ch-vez-se-verrait-bien-president-a-vie

2. Sur le journalisme d´imputation pratiqué par Libération contre Hugo
Chavez . http://www.acrimed.org/rubrique355.html

3.    VOIR  http://www.latinobarometro.org/

4.       Tous les résultats des scrutins au Venezuela sont disponibles sur
le site du conseil électoral : http://www.cne.gob.ve/

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  • Le blog s'ouvre sur les questions touchant à l'évolution mondiale intégrant diverses contributions : l''art, la littérature, et de façon générale, la culture qui interprètent le monde et font partie de ma façon d'appréhender le fait humain.
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