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Pourquoi pas ? Le blog de Niurka R.
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14 février 2009

La planification écologique


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Intervention d'Elodie Vaxelaire


 

Chers amis, chers camarades,

Le texte intitulé « Organiser la transition vers un alterdéveloppement : la planification écologique a fait l'objet d'un processus spécifique. Il a été rédigé par les responsables de la commission provisoire chargée de l'écologie. Il a été enrichi par les membres de cette commission, qui était ouverte à tous les camarades volontaires, et a fait l'objet de nombreuses contributions écrites (plus d'une cinquantaine de textes). Enfin, il a été présenté et débattu lors du premier forum du Parti de gauche, organisé samedi dernier au Sénat, et qui a réuni plus de 300 personnes, militants du PG, mais également représentants des autres sensibilités de gauche ou citoyens. Martine Billard, député des Verts de Paris, ainsi que Hervé Kempf, journaliste et auteur du livre « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme », sont venus débattre avec nous de ce texte et nous les en remercions.

 

Alors pourquoi soumettre ce texte à un processus particulier ? Parce que l'enjeu est d'importance. On l'a vu et je crois qu'aujourd'hui chacun d'entre nous en est intimement convaincu : la crise écologique dans laquelle nous conduit le capitalisme est tellement majeure qu'elle remet en cause l'avenir même de l'humanité si nous ne la réglons pas. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est le GIEC Groupe international d'études sur le climat, repris par le Programme des Nations Unies pour l'environnement dans son dernier rapport. Au-delà d'une augmentation de 2 degrés en moyenne du climat sur la Terre, nous ne savons pas quels mécanismes en chaîne peuvent se produire. Partout dans le monde, les écosystèmes naturels et cultivés s'appauvrissent, partout, les espèces naturelles disparaissent au point que les écologues parlent désormais de 6ème extinction des espèces naturelles (la cinquième étant celle des dinosaures), partout, les nappes d'eau sont polluées et les ressources naturelles surexploitées, dans toutes les grandes villes du monde les maladies liées aux pollutions de l'air explosent et dans les campagnes ce sont celles liées aux pesticides et nitrates, partout enfin, même chez les ours polaires du grand nord, les composés issus de l'industrie pétrolière et chimiques contaminent le vivant, et produisent notamment en Europe un début de baisse de la fertilité.

Peut-on encore parler de crise ? Nous avons eu ce débat samedi dernier. Cette crise est d'une importance telle que nous n'avons pas trouvé de terme suffisamment fort pour la caractériser : urgence, catastrophe, impasse. Voilà notre constat.

Notre deuxième constat, c'est que jusqu'à présent les partis de gauche n'ont pas su intégrer cette question à la hauteur des enjeux dans leurs orientations et leurs programmes. Ne nous le cachons pas. La synthèse du matérialisme historique et de la République sociale, avec celle de l'écologie et de l'altermondialisme n'est pas un exercice facile. Elle n'a encore jamais été réalisée. Et ce n'est pas en deux mois que le Parti de Gauche pouvait sérieusement annoncer la faire. Voilà pourquoi nous avons organisé ce dispositif spécifique. Parce que nous prenons la catastrophe écologique très au sérieux, et parce que nous voulons réussir la synthèse sur cette question. Nous voulons réussir cette synthèse parce que nous savons qu'en continuant de laisser à chaque parti sa spécificité sectorielle ou militante, aux uns les luttes sociales, aux autres les combats écologiques, aux troisièmes la gestion de gouvernement, nous condamnons la gauche à l'impuissance et nous interdisons d'organiser le combat global contre le capitalisme que la situation exige. C'est pour cela que nous sommes un parti creuset.
Mais être un parti creuset, ce n'est pas simplement juxtaposer les différentes composantes en son sein. Ce n'est pas non plus nous accorder sur le minimum dénominateur commun. C'est réussir, par le débat serein et argumenté, la nécessaire synthèse entre nos cultures. Et cela prend du temps. La bonne nouvelle, c'est qu'avec notre texte d'orientation adopté hier à la quasi unanimité, nous avons déjà une base commune importante sur cette question. Et en intégrant dès à présent des premières mesures visant un alterdéveloppement dans notre texte sur l'Europe ainsi que dans notre Plan de mesures d'urgence, nous avons très sérieusement commencé à intégrer cette dimension écologique. Mais ne nous cachons pas que sur d'autres questions, nous aurons plus de difficultés à nous mettre d'accord, que ce soit sur la sortie du nucléaire, la manière de réussir la transition énergétique ou nos réponses à la désindustrialisation de notre pays. Donc il faut nous y pencher sérieusement, et en prenant le temps du débat entre nous.

Alors que disons-nous ? Nous disons d'abord que nous sommes d'accord sur l'importance de la catastrophe écologique et sur l'urgence à la régler.

Nous disons ensuite que cette catastrophe est intrinsèquement liée au système capitaliste, et au modèle productiviste qui le sous-tend. Car en organisant la mise en concurrence mondiale par le libre-échange généralisé, le capitalisme pousse au productivisme absolu et organise d'un même mouvement la surexploitation des populations et celle des écosystèmes.

Dans le domaine de l'agriculture, la démonstration est édifiante. Car ici, le passage d'une agriculture paysanne et familiale à une agriculture capitalistique engendre intrinsèquement l'épuisement des sols. L'exemple est simple à comprendre. Le paysan qui vit de sa terre a tout intérêt à la protéger sur le long terme. C'est souvent son seul bien, son seul patrimoine. Il fait vivre sa famille dessus et il souhaite naturellement la transmettre à ses enfants. Il a donc un intérêt objectif à l'exploiter de manière à en préserver la fertilité sur le long terme. A l'inverse de lui, l'agriculteur capitaliste, qui dispose de fonds et peut investir dans les meilleures terres, pour les faire exploiter à bas prix par une armée de métayers, a un intérêt objectif à en tirer le maximum de rendement à court terme. Il a donc tout intérêt à l'exploiter de la manière la plus productiviste possible, quitte à l'épuiser, et la revendre lorsque son taux de rentabilité sera jugé trop bas. Dans le même temps, ce fonctionnement capitalistique, grâce au mécanisme impitoyable du libre-échange mondial, inonde les marchés de produits à des prix sans concurrence possible, et renforce l'exode rural des populations paysannes qui viennent grossir la masse des populations précarisées dans les bidonvilles des mégalopoles mondiales.

On le voit bien en Afrique, comme dans le bassin du Congo, la deuxième forêt primaire au monde, où les grandes multinationales asiatiques achètent des concessions à bas prix au gouvernement pour les soumettre à une exploitation sauvage et où les paysans n'arrivent même plus à écouler leurs produits sur les marchés locaux.

C'est donc le capitalisme qui conduit à la catastrophe écologique. Ce n'est pas l'augmentation de la population mondiale, comme on l'entend parfois, ou même je ne sais quels comportements individuels irresponsables. Dire cela, que le système capitaliste est responsable de la catastrophe écologique actuelle, ce n'est pas dire que tous les autres systèmes, dès lors qu'ils ne seraient pas capitalistes, seraient plus respectueux des équilibres naturels. On a l'exemple dans l'histoire d'un certain nombre de civilisations (Maya), qui à un moment donné ont dépéri car elles n'ont pas su gérer leur écosystème. Plus proche de nous, la Russie soviétique ou la Chine d'aujourd'hui ne sont pas très exactement des exemples de gestion respectueuse de l'environnement. Mais aujourd'hui, la catastrophe écologique, c'est le système capitaliste qui la produit. Et à la différence des exemples précédents, cette catastrophe menace l'avenir de l'ensemble de l'humanité et du vivant.

Alors est-ce que ce capitalisme peut être moralisé ? Est-ce qu'il peut être réorienté au point de devenir « vert » et donc d'apporter des réponses face à la crise en cours ? Non, bien sûr. Ne nous y laissons pas tromper. Les entreprises qu'on appelle aujourd'hui « vertes », celles du green business ou des green tech, se nourrissent de la crise pour en tirer profit. Elles n'ont donc aucun intérêt objectif à son dépassement. La preuve ? Nous avons soi-disant des championnes françaises en matière de traitement d'eau et de déchets - Veolia, Lyonnaise ou Suez pour ne pas les nommer. Mais championnes de quoi ? Nos cours d'eau sont toujours aussi pollués, nos collectivités locales croulent chaque jour davantage sous leurs déchets, et les consommateurs paient des factures toujours plus chères. Est-ce que ces entreprises se sont attaquées à la racine de la crise dans ces domaines (pour restaurer la qualité de l'eau ou produire moins de déchets) ? Non, bien sûr. Elles ne sont championnes que pour une chose : faire du business sur et grâce à la crise écologique. Pas pour la régler.

Donc on ne réglera pas la crise écologique par un surcroît de capitalisme, quand bien même il se décrèterait « vert ». Pour le Parti de gauche, la lutte écologique s'inscrit nécessairement dans une perspective de dépassement du capitalisme. Elle ne peut se concevoir dans une logique apolitique n'en déplaise aux environnementalistes ou à la liste Europe écologie, qui avec Cohn Bendit à sa tête, va tenter de nous faire croire que l'Europe du Traité de Lisbonne est compatible avec l'écologie.

Mais elle suppose également de remettre en cause le productivisme et le dogme de la croissance comme indicateur de richesse pertinent. Car même orientée vers la satisfaction des besoins sociaux, toute croissance économique n'est pas acceptable, tant qu'elle n'est pas neutre d'un point de vue écologique. Dès lors, la croissance du PIB, ou son image inversée, la décroissance, ne peuvent pas être des objectifs en soi.

Nous devons engager une modification profonde de notre système productif : la réduction de l'importance des secteurs les plus polluants ou consommateurs de ressources devra être programmée, et l'émergence, ou l'affirmation, de nouveaux secteurs permettant de répondre aux besoins non satisfaits devra être soutenue et encouragée, dès lors qu'elle sera compatible avec l'impératif écologique.

Dès lors, nous proposons de réorienter notre modèle de développement, vers un « alterdéveloppement », qui remette l'intérêt général au premier plan. Ce nouveau modèle est à construire, de manière démocratique, à partir de la situation économique actuelle, en planifiant sa mise en place dans le temps.

Pour définir ces nouveaux objectifs, nous proposons la planification écologique. Qu'est-ce que la planification ? C'est tout simplement le processus démocratique, qui nous permet de définir collectivement des objectifs à atteindre et qui permet d'en organiser la mise en œuvre sur le long terme. La planification, c'est le moyen démocratique de gérer la transition entre le système capitaliste actuel et l'alterdéveloppement que visons. Il paraît que le terme peut faire peur. Mais qu'avons-nous d'autre comme solution pour régler la crise écologique et gérer le long terme ? La main invisible du marché ? On a vu qu'elle nous conduisait tout droit dans le mur. La navigation à vue ? Ce n'est pas sérieux. Donc, il nous faut planifier : faire un état sérieux de la situation, identifier les objectifs que nous voulons atteindre, mettre en place les programmes pour y arriver et les indicateurs pour les évaluer.

Pour cela, nous avons commencé à identifier des indicateurs alternatifs ou complémentaires au PIB : l'IDH, l'empreinte écologique, le BIPE 40, ou encore l'IPH.

Nous avons également identifié les secteurs prioritaires. En particulier, nous devrons nous mettre d'accord sur la question énergétique, et notamment sur la manière de planifier tout à la fois une sortie du nucléaire et des énergies carbonées, et trouver une solution concrète par le haut à la question de la crise automobile, répondant à la fois à l'exigence environnementale de réduction du tout pétrole et l'impératif social et économique de défense des salariés de cette industrie. Mais nous aurons également à réinventer l'aménagement du territoire, à repenser nos systèmes agricoles, restaurer les ressources naturelles et notamment la qualité de l'eau, mais aussi à sortir de la crise des déchets et de la contamination du vivant.

Bref, notre tâche est grande, à la hauteur de notre responsabilité. Et je vais sans plus tarder céder la parole à Corinne Morel pour vous présenter nos fronts de luttes en France et en Europe.

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